DAKAR 1969 , PREMIER DOCUMENTAIRE DE LA FRANCAFRIQUE 



"Mais vous monsieur, qu'est ce que vous faîtes ici ? " demanda Ousmane Sembène à un fonctionnaire européen qui se dorait la pilule sur les plages sénégalaises. Cette scène est révélatrice de la situation du Sénégal après les premières vagues de décolonisations dans les années 1960. 
Sembene Ousmane est un écrivain, réalisateur et scénariste sénégalais. Il est l'auteur de plusieurs films africains mondialement connus tels que "la Noire de..."(1966), "Xala" (1975) et "Camp de Thiaroye" (1988). Ses films souvent tournés en langue wolof, abordant des thèmes tels que la corruption politique, les luttes pour les libérations africaines et l'exploitation coloniale. Dans son premier documentaire, l'auteur montre la vie au Sénégal en 1969, soit 9 ans après la décolonisation le 4 avril 1960.

Le Sénégal vivait sous domination française depuis 1646. Sa capitale, Dakar ou Ndakaaru en wolof, était l'une des "4 communes", les principales capitales de l'AOF. Après la décolonisation, l'intellectuel et homme d'état français et sénégalais Léopold Sédar Senghor dirigea le Sénégal. Son nom est souvent associé à des poèmes tels que "femme noire" que j'affectionne particulièrement. Leopold Sedar Senghor est surtout connu pour la Négritude, pour son intégration à l'Académie française, mais moins quand il s'agit de sa politique au Sénégal.

L'inconscient collectif associe souvent Sembene Ousmane à la Négritude. Naturellement, on se dit qu'il est noir donc il ne peut être contre les principes de ce mouvement.
La Négritude représente la fierté noire, qui pourrait se positionner contre cela ?

Sembène l'a fait. Doucement, mais surement, l'auteur dénonce de plusieurs façons la politique Senghor  présente dans son pays ainsi que ses effets, qui sont révélateurs de clivages assez criants.





“Le documentaire de Sembene Ousmane fut filmé en 1969 , soit durant les débuts d'un système que l'on appelle la Françafrique.”







Dans ce système qui fut institué sous la présidence de Gaulle avec des ministres tels que Jacques Foccart, on affirme aux colonies africaines qu'elles ne sont plus sous occupation française. Cependant, la réalité est tout autre. Dans la plupart des ex colonies françaises, un pion africain a été placé à la tête du gouvernement.


  • Houpouhouet-Boigny en Côte d'Ivoire
  • Denis Sassou Nguesso au Congo Brazzaville
  • mais surtout, Léopold Sedar Senghor au Sénégal


N'apportons point de jugement de valeur au terme "pion". L'idée est d'expliquer ce ces derniers étaient déjà bien connus durant la période coloniale. Par exemple, Felix Houphouët Boigny fut élu 5 fois ministre du gouvernement français. Ce statut prouve donc que dans certains pays, la décolonisation s'est établie avec d'anciens participants à ce système. Il reste à savoir à qui l'avantage est donné....La France ou l'Afrique ?



A vrai dire, Léopold Sédar Senghor représente l'exemple le plus criant parmi ces trois présidents. Ce dernier fut considéré comme un amoureux de la culture française et cela sous tous aspects. Léopold Sédar Senghor faisait partie de la petite élite noire qui fut prise en charge par un ensemble de prêtres présents en Afrique. On les appelait les "français à peau noire".  Si bien qu'il travailla pour la France Coloniale en tant que député avant de devenir président du Sénégal.

Dans son documentaire, Sembène Ousmane montre la situation du Sénégal en 1969. On peut y observer un parallélisme assez frappant entre les cadres européens qui attendent de se faire bronzer et la classe populaire sénégalaise qui cherche du  travail. 


"Je suis un peu pessimiste , je suis diplômé en économie pour pouvoir devenir cadre. Je souhaite contribuer à la sénégalisation de mon pays et je suis au chomage"

Un jeune étudiant sénégalais.



En donnant une voix aux travailleurs, aux femmes et aux marginalisés de son pays, l'auteur dénonce de façon implicite les inégalités et les injustices infligées aux Africains par les puissances coloniales et néocoloniales. C'est donc pour cette raison que l'on comprend l'aversion de Sembene Ousmane envers la Négritude et l'un de ses créateurs, Léopold Sédar Senghor.


En effet, il y a une différence entre la négritude Césairienne et le négritude Senghorienne. Celle de Césaire n'a pas peur d'attaquer, elle incite le lecteur noir à accepter son passé, sans pour autant de morfondre, ni le pardonner. La négritude Senghorienne se veut plus docile, plus dans l'acceptation des faits. Nous ne pouvons blâmer son idéel qui est fortement corrélé avec son environnement.







C'est l'idée que l'on peut en tirer en regardant DAKAR 1969. Sembène Ousmane a su prouver qu'avec lui, on ne parle pas trop, on montre les faits et on reste dans l'art du réalisme.

On peut remarquer les vestiges de la Françafrique au Sénégal. Force est de constater qu'en 2023, les changements sont maigres, surtout  quand on voit un président sénégalais se rejouir du fait que les tirailleurs sénégalais avaient des desserts pendant la Seconde Guerre Mondiale. C'est à se demander si finalement, la colonisation a réellement disparu dans certains pays...

SK.







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Bi ọmọde ko ba itan, a ba arọba, arọba baba itan
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Ohun ti a fi oni ṣe, itan ni i da bo dọla