L’AGBADA EST-IL UN INSTRUMENT POLITIQUE ?
L'agbada est un vêtement traditionnel présent dans la plupart des cultures africaines. Il possède plusieurs noms qui diffèrent en fonction des tribus.
Grand Boubou chez les Mandingues, Babariga chez les Hausa, Mbubb au Sénégal ...
L’INTEGRATION DE L’AGBADA DANS L’HISTOIRE
Ce vêtement inspiré par les tenues touaregs était autrefois porté par les élites sud et nord africaines. La légende explique que le prestige d'une personne se définit par la qualité de son agbada. Si cette dernière est élaborée et étoffée, son detenteur sera perçu comme riche et raffiné. Ce système s'observait aussi au sein du corps politique. L'agbada était utilisé en guise de cadeau entre hommes politiques et diplomates. La taille de ce vêtement est correllée avec le respect et la dominance.
Avec l'agbada , on ne peut chercher à se faire discret. L'homme qui en possède un doit être vu tel un paon qui montre ses ailes. Cet effet de grandeur fut utilisé à maintes reprises par des dirigeants politiques tels que l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo lors de sa rencontre avec le président américain Jimmy Carter en 1977. On y voit un président portant fièrement son agbada, composé d'ornements semblables à des enluminures.
Au Bénin , le père de l'indépendance Dahomeyenne Hubert MAGA avait rendu obligatoire le port de l'agbada lors de la proclamation de l'indépendance. Le port de cet habit traditonnel permettait de s'opposer au costume classique, ou encore au kaki militaire qui était porté durant la période coloniale.
" dinkin hannu " = cousu à la main
" dinkin keke " = cousu à la machine
AGBDADA ET CULTURE MODERNE
L'agbada s'est démocratisé lors du 19ème siècle en devenant un symbole de la haute-couture traditionnelle nigériane. Il est désormais porté lors des cérémonies religieuses, mais aussi lors de certains évenèments importants. Il n'est pas rare de remarquer de plus en plus de personnalités publiques africaines le porter sur le tapis rouge. Le photographe Nigerian en a d'ailleurs fait sa marque de fabrique en expliquant dans Vogue que "ce qui est intéressant, c'est le message que véhicule la tenue". Récemment, l'artiste Olaolu Slawn a fait honneur à sa culture en choisissant d'embrasser un agbada vert.
On pourrait considérer cette action comme un geste anodin, symbolisée par le port d'une simple tenue traditionnelle. Or, c'est tout autre.
“Avec ce genre d'actions, on sort du carcan de l'élégance euro-centrée. On respecte l'art du tailleur africain, mais surtout, on met en valeur un autre style vestimentaire qui peut être étranger à certaines personnes.”
Je n'oublierai jamais cet homme qui a osé affirmer que mon père était "déguisé" alors que ce dernier portait son agbada taillé par son couturier favori dans un des meilleurs tissus du pays. C'est là que l'esprit de l'agbada parle.
Méfiez-vous, sa grandeur peut en déranger certains.
SK.